ObjectifS
Cette action de gestion sur les milieux aquatiques a été mise en place depuis 9 ans et vise l’espèce Sandre. Et comme la reproduction naturelle d’une espéce est toujours beaucoup plus efficace et pérenne qu’une action d’empoissonnement ponctuelle, une optimisation de cette reproduction est recherchée.
Lacs, étangs et gravières des Landes concernés par cette action : Aureilhan, Cazaux-Sanguinet, Léon, étang Blanc, Parentis-Biscarrosse, Soustons, la Saucille, Glés neufs (Labatut), Glés Neufs (St Cricq du Gave), Christus.
Etape 1 – Frayères artificielles
Chaque année des frayères artificielles adaptées pour cette espèce sont mises en place, entretenues ou remplacées sur une quinzaine de sites du département .
La Fédération de Pêche des Landes réalise un achat groupé de panneaux de brandes d’une dimension de 1m2 qui sont livrés aux associations locales de pêche volontaires. Ces AAPPMAs réalisent les conceptions (treillis métalliques et fixation de la brande) et les mettent en place début février.
Etape 2 – Mise en protection
Ces frayères sont disposées sur des secteurs définis comme propice à la reproduction du sandre et sont protégées par des arrêtés préfectoraux de mise en réserve. Ces réserves dites « temporaires » courent du 1er février au 14 juin dans le département des Landes.
Des panneaux et bouées stipulent clairement aux pêcheurs leurs emplacements et l’interdiction d’y pêcher.
Des tournées sont organisées régulièrement par la gardes de pêche et les autorités compétentes (Gendarmerie, Office National de la Biodiversité, Agents des Réserves naturelles, etc.).
Etape 3 – Suivi hebdomadaire
Un suivi par vidéo subaquatique est ensuite mené chaque semaine depuis leur immersion jusqu’à début Juin. Il vise à vérifier la présence d’individus adultes mais aussi la présence de pontes.
Un technicien à bord d’un bateau filme les frayères, à l’aide d’une caméra étanche fixée à une perche métallique. Divers paramètres sont également collectés, comme la température de l’eau, la pression atmosphérique, la profondeur d’immersion ou la turbidité.
Le but du suivi est de pointer le taux d’occupation par plan d’eau en fonction de leurs caractéristiques, la période de ponte observée sur le département des Landes, ou encore les facteurs responsables du déclenchement d’une ponte.
Autant de paramètres qui nous permettent d’évaluer et de faire évoluer le programme, la réglementation ou la gestion halieutique.
Les résultats de 2023
- 101 frayères ont pu être suivies (6 plans d’eau) sur 130 installées
- 286 pontes ont pu être observées
- 1ère ponte observée le 28/02
- taux d’occupation maximal de 100% observé sur 5 des 6 plans d’eau
- 89 % des pontes observées ont eu lieu avant le 1er mai
- en moyenne 2.8 pontes par frayère
L’ensemble de ces « bons » résultats (notamment la forte productivité) sont le fruit d’un ensemble de facteurs qui ont été favorables en 2023 : T° et cumul de ces T° depuis le début de l’année, changement brutaux de pression atmosphériques, turbidité « marquée » (faible transparence de l’eau)
Les différents résultats de 2023 et des années antérieures démontreraient que :
- Espèce lucifuge (fuyant la lumière) avec implantation plus précoce et plus importante sur les frayères lorsque l’eau est trouble. Un suivi en plongée a révélé la présence de frayères naturelles plus profondes en eau claire
- Présence anecdotique de sujets (mâles essentiellement et de taille modeste suite aux observations) sur les frayères jusqu’à l’été parfois – on parle de nidification paradoxale (Roqueplo, 1986). Ces mâles ne participent donc pas à la reproduction effective.
- L’augmentation de la durée du jour, qui se produit en janvier/février, signalerait aux mâles de se poster sur les frayères (car cela stopperait la maturation de leurs organes sexuels)
- La température de l’eau serait également un paramètre important pour la maturation des organes reproducteurs des mâles et femelles (un cumul de températures serait nécessaire plus qu’une T° au moment de la ponte).
- Enfin, nous avons observé qu’une frayère pouvait accueillir des pontes successives de mâles différents lors d’une même saison, du fait de l’incubation rapide des œufs de sandre (une dizaine de jours environ).
Evolutions du suivi sandre
Les bons résultats observés en 2023 avec des taux d’occupation importants et de nombreuses pontes identifiées se montrent dans la continuité des années précédentes et encouragent la Fédération de Pêche des Landes et les associations locales de pêche engagées à maintenir cette action de terrain concrète et efficace pour les populations piscicoles. Elle sera largement reconduite pour 2024.
Le suivi a été enrichi en 2023 par le suivi de l’intensité lumineuse mais également un protocole scientifique expérimental sur le site pilote de l’étang d’Aureilhan pour :
- étudier le comportement reproducteur de l’espèce (passant par un marquage d’individus)
- étude des alevins de sandre (passant par du piégage par nasse)
La mise en place de ce nouveau protocole a donné comme résultats en 2023 :
- très faible retour/efficacité du piégeage des alevins (1 seul alevin capturé)
- très faible capturabilité des géniteurs sur frayères (pour pouvoir les marquer)
- 6 sandres marqués (2 n’ont plus été observés sur zone par la suite et 4 ont continué à fréquenter les frayères artificielles dont 1 qui a participé à 3 pontes différentes)
Cet protocole complémentaire sera maintenu pour 2024 et étendu avec le site des Glés Neufs à Saint Cricq du Gave (de typologie gravière).
Exemple d’un Suivi
Nous avions réalisé une vidéo à l’occasion du pic de pontes à la mi-mars 2023 sur l’étang de Soustons.